Problèmes fondamentaux de la phénoménologie

En octobre 1910, Husserl exposa d'une manière systématique
dans un de ses cours la méthode de la réduction. Voulant
déjà en tirer radicalement toutes les conséquences, il se heurta
vite à une difficulté redoublée : comment, à partir de ses seuls
vécus actuels, chaque Je singulier pourra-t-il rejoindre ses
vécus inactuels (seuil intrasubjectif), puis ceux de n'importe
quel autre Je (seuil extrasubjectif) ?
Cette critique de l'expérience phénoménologique, menée
depuis un état extrême d'individuation spatiale et tempo-
relie, posait ainsi la question cruciale de la phénoménologie
de la phénoménologie, sans parvenir à la résoudre. Ou
plutôt, Husserl ne sut alors pas exploiter l'idée, qu'il venait
pourtant de découvrir, d'une réduction double, pour établir
entre tous les phénoménologues virtuels une
communication au moyen d'une pure eidétique subjective.
Ce cours, dont à Noël Husserl interrompit la rédaction, ne
cessa ensuite de le hanter jusqu'au début des années 30, pour
définir le seul avenir positif possible de la phénoménologie,
ordonnée autour de l'opposition entre les lois généalogiques
et téléologiques de la fondation transcendantale, avec les
trois modalités intentionnelles, perceptive, imaginaire et
signitive, et celles, ontiques et ontologiques, du fondement
transcendant.